Glacé de froid

En attendant le dégel

L’hiver, si le temps le permet, faire des photos est un véritable plaisir. Lorsque le froid répand sa blancheur, dans les campagnes surtout, c’est un régal de percer brumes et brouillards pour en extraire une image, où de tirer partie du soleil toujours bas. Lorsque le froid devient plus intense encore, au point de geler des étendues d’eau, alors le jeu se double des reflets possibles, s’illumine de réverbérations aveuglantes, s’agrémente de parties de cache-cache sous la glace.

Plantes prises dans la glace

Savigny sur Aisne, France, 29 décembre 2007

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Cette photo a été prise dans une vallée inondable, où, l’hiver, des nappes d’eau résiduelles s’oublient dans le creux de la prairie. Lorsque le gel surprend ces eaux tranquilles, les malheureuses plantes submergées se recouvrent d’un voile de glace. C’est l’une de ces herbes que j’ai photographiée.

Il y avait un vaste choix d’images à prélever de cette situation peu commune, et la difficulté a été de trouver un juste équilibre entre les plantes prisonnières et les bulles d’air engagées dans la glace. Trop de l’une ou de l’autre aurait nui à l’harmonie de l’ensemble. Je pense avoir visé et cadré juste sur cette plante aux larges feuilles, entourée de nombreuses bulles, mais non recouverte elle-même.

Il est amusant de constater que cette glace, trop fine pour être vraiment visible, n’est perceptible qu’indirectement grâce à ces bulles, marquant de leur présence un solide invisible. Aussi, elles participent très activement à donner un sens à cette photo.

Ce n’était pas la première fois que je m’intéressais à des plantes prisonnières des glaces, comme le montrent d’autres images dans la série ci-dessous. J’ai même eu le plaisir d’en saisir dans une lumière rasante déjà rougie par le soir.

D’autres fois, je me suis amusé avec les reflets sur la glace, en lumière diffuse ou en jouant avec le soleil, pour révéler des stries et des plans de coupe dans des glaces déjà endommagées par la fonte.

Parfois, il n’est pas nécessaire de voyager bien loin hors des villes. Lorsque la glace prend possession des parcs publics de Paris, des canards burlesques s’improvisent patineurs artistiques et remplacent avantageusement quelques plantes inertes.